Notre histoire

Le père Lucas et la Quimperloise

Le père Lucas fondait, il y a presque 100 ans, la boutique d’articles de pêche située à Châteauneuf du Faou, rue de la mairie sous l’enseigne « aux pêcheurs de l’Aulne ».

Louis Lucas connu sous le nom du  Père Lucas, avait une réputation d’as de la pêche, ses clients venaient de loin,  de France ou de l’étranger  pour recevoir ses conseils et connaître ses secrets. Après avoir prodigué ses conseils, recommandé le matériel nécessaire et trinqué aux futures belles prises car le magasin faisait en même temps café comme toujours actuellement,  il accompagnait les amateurs de saumons et de truites sur les meilleurs secteurs de pêche, les écluses de Prat Pouric ou Châteaulin ou la Laita pour le saumon, l’Aulne rivière pour les belles truites farios, faisant office de guide et de moniteur. 

Sa connaissance des poissons, de leur environnement, de leurs habitudes alimentaires et des rivières bretonnes lui donnaient de nombreuses idées sur les techniques de pêche.  
Avec son esprit inventif et un don inné de bricoleur il a inventé et mis au point une cuiller à saumon de renommée internationale, indémodable et connue sous l’appellation « la Quimperloise » qui est toujours fabriquée à Châteauneuf. Elle est reconnue comme étant la meilleure cuiller à saumon du marché. 


Vue de l’Aune Canalisée ou canal de Nantes à Brest  à Pont-Coblant, écluse de St Algon

Il faut se remettre dans le contexte de l’époque; jusque dans les années 1960, le produit de la pêche pouvait être revendu, c’est ainsi que de façon hebdomadaire les pêcheurs locaux apportaient chez le père Lucas leurs saumons, ils étaient pesés, alignés au sol et emballés dans de la fougère puis prenaient la direction des halles à Quimper ou de la gare pour être expédiés vers les grandes tables parisiennes. Leur valeur marchande entrainait une compétition entre les pêcheurs de l’Aulne ceux de Châteauneuf et Châteaulin et ceux de la Laita à Quimperlé.  

En tirant les enseignements de nombreuses heures passées au bord de l’eau, le père Lucas avait eu l’idée d’un nouvel engin de pêche, au départ pas forcément « catholique », consistant plus ou moins à grappiner les saumons plutôt qu’à les pécher à la régulière. Dans son arrière boutique atelier cuisine, après avoir coulé un plomb de forme allongée et y avoir associé avec du fil de cuivre une palette tournante et un grappin il s’était  avéré que  la ressemblance avec un poissonnet devait être améliorée. C’est ainsi que l’idée de la jupette a germé, et quoi de mieux à l’époque pour ce faire que le caoutchouc rouge  d’une chambre à air de vélo découpée et collée sur le plomb à l’aide de la célèbre colle à rustine La Séccotine !! 

Les premiers prototypes essayés avec succès sur la Laita par le Père Lucas et ses clients n’ont pas tardé à être copiés par les pêcheurs locaux d’où ce nom de La Quimperloise, Louis Lucas n’avait pas protégé son invention par un brevet, seule la marque est désormais protégée pour toutes les cuillers fabriquées à Châteauneuf. 
Il en est de même pour les mouches dites « Lucasport », après avoir montré à la maison Ragot de Loudéac, les modèles de mouches bretonnes locales qu’il avait mis au point, celles-ci n’ont pas tardé à figurer en bonne place dans le catalogue de la célèbre maison,  spécialisée dans la vente de matériel pour la pêche à la mouche. 

Déjà dans les années 1960 le père Lucas s’inquiétait de la diminution des stocks de saumon sur les rivières bretonnes, et avec les connaissances techniques de son fils Alain, il avait imaginé des plans d’échelles à saumon avec des croquis dessinés dans son petit carnet, il s’agissait de dispositifs à plusieurs bassins pour aider les saumons à franchir les écluses, certaines de ces échelles sont toujours en service sur l’Aulne canalisée. 

Le père Lucas n’était pas seulement un excellent pécheur et un inventeur hors pair il aussi laissé des textes de chansons bretonnes qu’il composait et interprétait pour le plus grand plaisir de ses clients. 

Marie en compagnie d’Alain Lucas, fils du père Lucas, devant la boutique de Chateauneuf du Faou, rue de la mairie, créée par son père.